Des chevaux en danger ?

Publié le par Léonard

 

 

Voici la copie complète d’un article de Sylvain Clément paru le lundi 21 mars 2011 dans Le Bien Public quotidien local dijonnais.

 

Ces chevaux qui font jaser…

 

A quelques mètres seulement de la route se dresse la ferme spécialisée dans l’élevage de Rocky Moutain Horse (une race de chevaux très rare en France), de poneys et autres perroquets, lapins et chats. Centre d’équitation classique et lieu idéal de départ de balade, il fait depuis plusieurs années le bonheur de petits et grands. Oui mais…

Un manque de surfaces disponibles évident.

Une lettre anonyme, à première vue bien renseignée, faisant état de « conditions de vie très difficiles sur place pour les équidés »  et parlant de « surpopulation et de sous-alimentation » est venue soulever doutes et interrogations.

Photos à l’appui, on y voit des animaux affaiblis, aux côtes bien visibles, en train de brouter de la boue ? Alerté, le propriétaire réagit et dément toute forme de maltraitance envers ses bêtes : « Mes chevaux sont nourris matin, midi et soir. Si quelqu’un a pris un cliché d’une mère pleine, il est normal de voir son ventre tirer vers le bas. En tout cas, personne n’est jamais venu se plaindre et croyez moi, il n’y a aucun problème sur mon exploitation. Si mes chevaux restent dehors tous ensemble, c’est qu’ils ont une vie sociale. Et s’ils sont dans la boue, c’est à cause de la pluie tombée fortement ces derniers jours ». Mais tous ne sont pas du même avis comme ce vétérinaire de la clinique de … : « On ne travaille pas avec eux car ils ne nous ont jamais sollicités. Ce sont des vendeurs de médicaments ambulants qui se déplacent. Je n’ai donc pas le droit d’aller là-bas pour faire un contrôle sanitaire mais je sais qu’ils ont déjà eu quelques problèmes dans le passé. Quand on voit le nombre de chevaux présents à l’hectare, on se dit qu’il doit bien y avoir un petit soucis quelque part ».

Car, après avoir longé le premier pré (visible depuis la route par les centaines de voitures (sic) roulant à proximité chaque jour) et contourné la propriété, force est de constater que l’on se retrouve nez à nez avec des chevaux qui ont tout sauf belle allure. Entassés les uns sur les autres, certains font peine à voir. Joint par téléphone et installé à quarante kilomètres du site, le vétérinaire « attitré » de la ferme équestre de … nous rassure : « C’est la fin de la période hivernale, il est donc normal que les animaux ne soient guère mis en valeur. Revenez dans trois semaines, un mois, ça ira mieux ». S’il affirme que « les animaux sont nourris correctement tous les jours » et que jamais il n’a été appelé sur le site pour soigner des animaux dans des états « ou de faiblesse ou d’amaigrissement », il reconnaît que la ferme « peut être décriée ». Mis en cause ? Le manque de surface disponible. « C’est juste un problème de gestion d’élevage. Les chevaux n’étant pas donnés, ils sont très difficiles à vendre d’où leur présence en nombre. C’est l’unique problème visible sur ce site. Chaque année, j’y fais des bilans sanitaires, des vaccinations et je peux vous assurer que jamais l’idée m’est venue d’appeler la SPA », conclut l’intéressé.

  Encadré en bas de page :

Interrogé sur le sujet le maire avoue « n’avoir jamais entendu parler en ces termes de la ferme équestre ». De son côté, la direction départementale de protection des populations (anciennement DDSV, direction des service vétérinaires) précise « qu’une inspection de la ferme a été effectuée il y a deux ans en compagnie de la gendarmerie mais que le compte-rendu de cette visite était confidentiel ».

 

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       Photo issue du site de la ferme en question.                Photo prise par nos soins dans la même ferme.

 

On aurait aimé en préambule une dénonciation nette de cette pratique contestable, fourbe et lâche qu’est la lettre anonyme. Un brin d’offuscation, un chouia de commentaire, un soupçon de désaccord avec le principe. Ceci dit la lettre anonyme reste un moyen simple de se venger sans prendre de gros risques. On peut aisément imaginer que la personne « visiblement bien renseignée » a participée peu ou prou à ce qu’elle dénonce avec tant de courage aujourd’hui. Passons.

La suite :

Je connais cet endroit, je passe devant pour aller chouchouter Agathe, Vanille et Kiki. Quotidiennement je vois ces chevaux piétiner la gadoue, escalader le tas de fumier ou somnoler le nez face à un mur, des chevaux malingres, sales, tristes. De temps à autre des poulains... Ca m’énerve, ça me révolte mais que faire ? Titiller la ligne blanche n’est pas la franchir. Certaines personnes le savent bien.

Le monde est ainsi, d’un côté ceux qui donnent tout par  amour, sans limite et de l’autre ceux qui courrent derrière le fric quelle que soit l’activité et la méthode mais toujours dans les clous, juste, juste, mais dedans.

La ferme sujette de l’article est un élevage. Des étalons, des poulinières, des saillies, des poulains, des achats, des ventes, des clients, du commerce : c’est ça un élevage. Sa finalité est de donner soit de beaux produits qui feront la fierté de quelques péteux en mal de critères raciaux et de reconnaissance sociale soit des produits de moindre qualité qui finiront dans des clubs miteux à traîner des crétins, touristes ou autochtones. Pour les plus « ratés » de ces produits, les tordus, les borgnes et les mal foutus le voyage se terminera sur l’étal de quelques bouchers pas très regardants sur la couleur de la robe ou l’éclat des dents.

Les clients (naïfs ?) de la partie ferme équestre (et les passants) ignorent-ils la partie élevage ? Ils ne parlent pas de bétail mais de « loulous », ne mesurent pas la hauteur au garrot, la longueur du nez, la justesse de la robe mais font de gros bisous et de gros câlins.

Chevaux à bisous, chevaux à bidoches ? Le temps passant, la trésorerie se faisant maigre, le premier devient souvent le second mais le décor reste joli.

Les automobilistes locaux et les scribouillards de lettres anonymes ont une vision idéalisée des chevaux : une belle pâture couvertes de fleurs, des mangeoires propres et nombreuses, un abri trois étoiles paillé de frais, des propriétaires dévoués bravant les intempéries pour soigner leurs compagnons, des enfants chevauchant de ci de là en riant, le maréchal-ferrant passant tel l’ami Ricoré de bon matin avec sa râpe et son marteau.

 

Ce qui se passe dans cette ferme n’est pas très clair : trop de chevaux, pas assez de ventes, peu de terres sont des excuses qui s’entendent tant que l’on sera autorisé à élever des chevaux alors que la surpopulation guette depuis longtemps. Quant à l'état des chevaux, jugez vous même.

La seule question à se poser avant de coller ses fesses sur un cheval, ou de l’admirer tout simplement, dans cette ferme ou dans une autre, est la suivante :

Que va devenir ce gentil « Loulou » quand il ne sera plus capable de travailler ?

 

Pour trouver le respect des animaux, quels qu’ils soient, c’est du côté des associations qu’il faut aller voir, pas chez les marchands de promenades, de races rares ou de bidoche.

 

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Publié dans Haridelle et Compagnie

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